En ton âme et conscience by Claire Norton

Auteur:Claire Norton [Norton, Claire]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

12

Miami, City Cemetary, 1800 Deuxième Avenue NE

Angie gara sa voiture sous une allée ombragée, le long du mur du cimetière. Il lui fallut marcher un certain temps avant d’apercevoir sur sa droite un groupe de personnes rassemblées autour d’un prêtre qui implorait Dieu, les bras tendus vers le ciel. Face à lui, elle reconnut Susan, qui fixait le sol de ses yeux.

Quels prétextes cet homme pouvait-il donc bien invoquer pour excuser une telle injustice, expliquer une telle horreur ?

Angie se glissa discrètement derrière un gros troène et observa la scène quelques instants. Elle voulait s’assurer que Susan tenait le coup.

Il n’y avait que très peu de monde. Trois personnes en tout. Angie en déduisit que Susan et son mari n’avaient pas de famille. En plein mois d’août, même les petits camarades des deux enfants décédés n’avaient pu être informés. Cela aurait-il changé quelque chose, de toute façon ? La place des enfants n’était pas dans les cimetières. Même pour de simples visites.

Alors que quatre hommes vêtus de noir s’affairaient autour du premier cercueil blanc pour le descendre dans sa fosse, Angie tenta de se rappeler le visage de l’enfant qui l’avait accompagnée dans son coma.

Angie ne pouvait plus détacher ses yeux des trois boîtes alignées. À l’idée des corps d’enfants reposant dans ces coffres, Angie sentit la nausée la gagner tout entière. L’homme d’Église méditait en silence, demandant sans doute à son Dieu de lui souffler un peu de sa foi. Angie posa un regard rapide sur Susan, incapable d’imaginer la violence des émotions qui devaient la submerger. Elle s’étonna presque de la découvrir debout, face à la fosse qui allait bientôt engloutir ceux à qui elle tenait le plus au monde.

Au bout de longues minutes, le prêtre se dirigea vers Susan, ouvrit son bréviaire et entama la lecture de la première lettre de saint Paul aux Corinthiens. Les yeux de Susan ne quittaient plus le trou béant. Dans sa main droite se tenaient trois roses immenses, deux blanches et une rouge. Angie imagina la lutte qu’elle devait mener pour ne pas s’écrouler.

Susan tourna son visage, et son regard croisa enfin celui d’Angie. Les deux femmes se fixèrent ainsi quelques instants, la détresse de l’une rencontra le soutien silencieux et profond de l’autre. Pour ne pas fragiliser l’attitude si digne de cette femme, Angie lui fit un signe d’amitié et s’éloigna pour regagner l’allée où était garé son véhicule.

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